"il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube" (Aimé Césaire)

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samedi 21 avril 2018

Coup de cœur d’une tisserande pour une Effilochée


T.D.R.

Le tisserand est un de mes symboles favoris. N’est-ce d’ailleurs pas une image universelle qu’on trouve au cœur de moult mythes ? Au fil des ans, c’est avec bonheur que j’ai appris à me faire tisserande. L’utopie que je défends se fait tissu chamarré d’accords fraternels. Jusqu’à ma rencontre avec Azama Effilochée, aucun doute n’avait fait trembler le piédestal sur lequel j’avais placé mon symbole chéri. Cette artiste, à la technique inédite, a éfaufilé ma représentation du tissu et du tisserand. Son œuvre m’a décoiffée, émerveillée. C’est une belle philosophie qui habite ses sculptures et tableaux.

Azama Effiloche allège le tissu et en fait un dessin traversé par la lumière. Dans la matière opaque, elle opère des percées, crée des lucarnes, introduit de la transparence. Ne garder que le beau et lâcher tout le reste, telle est la philosophie de cette Congolaise qui a connu l’horreur dans le Zaïre de Mobutu. Aujourd’hui, elle croque la vie à pleines dents. Sa méthode de survivance, elle en a fait un art de vivre qui résonne dans ses œuvres. Avec ses fils noirs détramés, qu’elle colle sur des supports blancs, elle entre dans le jeu de la vie, déjouant les ombres et exaltant la lumière. Intelligence, sensibilité, habilité et beauté se dégagent de ses tableaux traversés par des silhouettes effilochées mais non dépourvues de force.

T.D.R.
Alors que je lui confiais à quel point sa création me désarçonnait, elle me dit : 
« Toi et moi, tisserande et Effilochée, on se complètent ».      
 


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