"il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube" (Aimé Césaire)

"il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube" (Aimé Césaire)

jeudi 28 septembre 2017

What a shame !


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C’est à croire qu’il y a des périodes de l’histoire où les hommes, trop lourds de haine pour penser, ont besoin d’un histrion tragi-comique pour mener la danse macabre consistant à marcher sur les autres, humilier les autres, assassiner les autres. Et comme il faut danser encore et encore, l’autre n’a jamais fini d’être réinventé afin que le sang coule encore et encore et que l’âme se dissolve dans l’ivresse d’une contredanse sans nom.   

Préoccupée par le taux d’obésité chez les Américains, Michelle Obama avait fait de ce fléau son combat. Quand elle se déplace, Melania Trump s’inquiète de ne pas trouver dans les WC. un certain parfum d’ambiance, ainsi que du papier toilette triple épaisseur. S’appuyant sur le savoir, Barack Obama s’était fait Tisserand qui, glissant dans la pensée complexe, avait à cœur de recoudre le tissu social de son pays. Quand il est arrivé, le nouveau chef d’État Donald Trump s’est fait briseur de rêves, démolisseur de ce qui a été construit, saccageur de la cohésion sociale. L’intellectuel artiste a été remplacé par un riche bâté. Ne fallait-il pas faire payer le fait d’avoir conduit un Noir à la Maison Blanche ? Faire payer en tirant sur les Noirs pour un oui ou pour un non et même pour ni oui ni non. Faire payer en apportant du sang neuf au Ku Klux Klan, laissant les suprémacistes blancs pousser du poil de la bête. Faire payer en banalisant le crime et en insultant les sportifs, les artistes et les citoyens qui dénoncent les crimes sur les Noirs. Le chef d’État qui « tweete plus vite que son ombre » n’a pas peur d’user de gros mots, pas peur de se salir la bouche, pas peur de ne pas être fin. Il sait que plus c’est gros, mieux ça passe, il sait qu’il a été élu pour faire payer l’élection d’Obama.  

L’Amérique qui s’acharne sur l’œuvre et le souvenir d’Obama révèle à la face du monde le visage d’un César sans discernement, la dislocation d’un pays devenu ce que Sony Labou Tansi appelle L’État honteux.