What a shame !
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C’est
à croire qu’il y a des périodes de l’histoire où les hommes, trop lourds de haine
pour penser, ont besoin d’un histrion tragi-comique pour mener la danse macabre
consistant à marcher sur les autres, humilier les autres, assassiner les
autres. Et comme il faut danser encore et encore, l’autre n’a jamais fini d’être
réinventé afin que le sang coule encore et encore et que l’âme se dissolve dans
l’ivresse d’une contredanse sans nom.
Préoccupée
par le taux d’obésité chez les Américains, Michelle Obama avait fait de ce
fléau son combat. Quand elle se déplace, Melania Trump s’inquiète de ne pas trouver
dans les WC. un certain parfum d’ambiance, ainsi que du papier toilette triple
épaisseur. S’appuyant sur le savoir, Barack Obama s’était fait Tisserand qui,
glissant dans la pensée complexe, avait à cœur de recoudre le tissu social de
son pays. Quand il est arrivé, le nouveau chef d’État Donald Trump s’est fait
briseur de rêves, démolisseur de ce qui a été construit, saccageur de la
cohésion sociale. L’intellectuel artiste a été remplacé par un riche bâté. Ne
fallait-il pas faire payer le fait d’avoir conduit un Noir à la Maison Blanche ?
Faire payer en tirant sur les Noirs pour un oui ou pour un non et même pour ni
oui ni non. Faire payer en apportant du sang neuf au Ku Klux Klan, laissant les suprémacistes blancs pousser du poil de la bête. Faire payer en banalisant le
crime et en insultant les sportifs, les artistes et les citoyens qui dénoncent
les crimes sur les Noirs. Le chef d’État qui « tweete plus vite que son ombre »
n’a pas peur d’user de gros mots, pas peur de se salir la bouche, pas peur de
ne pas être fin. Il sait que plus c’est gros, mieux ça passe, il sait qu’il a
été élu pour faire payer l’élection d’Obama.
L’Amérique
qui s’acharne sur l’œuvre et le souvenir d’Obama révèle à la face du monde le
visage d’un César sans discernement, la dislocation d’un pays devenu ce que Sony
Labou Tansi appelle L’État honteux.