Arnaud, cette noblesse dont Beltrame est le nom
T.D.R. |
Il
est des visages marécages ténébreux où le regard n’a guère envie de s’aventurer.
La face d’Arnaud Beltrame fait partie de ces visages océans, remplis de clarté,
ces visages dans lesquels on désire plonger. Ce visage n’est pas le fruit
du hasard, c’est le visage d’un homme doté d’une belle âme, une âme qu’il
travaillait à polir et à faire grandir. Avant que la République ne lui ait
tressé des lauriers, lui exerçait son métier d’homme. Ce gendarme était un
noble tisserand qui a fait de son existence une belle trame recueillant, au fil
des jours, l’or d’un autre temps. Comme il est, ainsi il a fait les choses, en
cohérence avec ses engagements, en cohérence avec sa foi, en cohérence avec sa
volonté, en cohérence avec son idéal.
Tombé
pour sauver un prochain, le voilà à jamais relevé, à jamais élevé. De la trempe
de ceux qui ont suffisamment de force et de sagesse pour faire de la beauté une
arme, Arnaud Beltrame a, dans la chair des ténèbres, creusé la tranchée de lumière
permettant aux âmes perdues de s’abreuver d’un feu qui ne brûle pas. Devant le
cortège qui accompagnait son corps, le bourdon de Notre-Dame a fait sonner le glas
et les anonymes, touchés au plus profond de leur être, ont applaudi en chœur.
Le
chevalier avait quarante-quatre ans, un âge en forme de huit, symbole du Verbe
et de la vie nouvelle, de la totalité et de la guérison de l’humanité. Que
violons et balafons s’accordent pour accompagner le voyage que cet homme de
paix a entamé vers la Grande Unité, que les étoiles les plus radieuses étendent
à l’infini sa belle trame. Arnaud, bon retour vers ta véritable
Patrie !