Boubou (Hors clichés): De l’art de combattre avec grâce
Pour dévoiler
la hideur du racisme, je me suis servi de la beauté du boubou
Pour dénoncer la bestialité du racisme, je me suis appuyé sur l’élégance du boubou
Pour révéler le racisme ordinaire, j’ai donné à voir la noblesse naturelle du boubou
Pour dénoncer la bestialité du racisme, je me suis appuyé sur l’élégance du boubou
Pour révéler le racisme ordinaire, j’ai donné à voir la noblesse naturelle du boubou
Je vous offre
ici quelques extraits de mon livre, Boubou
(Hors clichés).
Une contribution dans la lutte contre des préjugés qui font mur.
Une contribution dans la lutte contre des préjugés qui font mur.
A commander sur http://www.parolestissees.com |
Extrait 1
Parce
que j’ai vu une France où le racisme allait de plus en plus loin, parce que
j’ai vu que ce racisme est un esprit qui baignait dans du formol, parce que
j’ai vu que cette conservation finissait par faire pousser la laine de la
haine, parce que j’ai vu que cette laine donnait froid dans le dos, parce que
j’ai vu que ce froid poussait à tricoter une méchante histoire, parce que j’ai
vu que cette histoire créait une grande illusion, parce que j’ai vu que cette
illusion provoquait la nudité du roi, parce que j’ai vu que cette nudité
engendrait des silences, parce que j’ai vu que ces silences se faisaient
complices de l’indécence, parce que j’ai vu que cette indécence débouchait sur
l’inadmissible, je ne pouvais plus me taire. Avec une plume et un appareil photo,
avec mes outils dérisoires, avec mes outils de dérision, j’ai décidé de parler,
témoigner.
Extrait 2
C’est à des proverbes africains
que je dois une bonne partie de mes anticorps. Ces concentrés de philosophie ne
m’empêchent pas de boire à la source de la Fontaine ou de Montaigne. Bien au
contraire, ils m’amènent à tisser des alliances. Petite, je me sens grande dans
l’esprit du boubou, boubou qui franchit allègrement la barre de « l’identité racine
unique ». Comme condition de dialogue, si des
Français exigeaient de moi une desquamation jusqu’à la déchirure de la berceuse
qui dort sous ma peau, alors je leur rirais au nez. Au nom de l’intégration, je
ne laisserai pas appauvrir ma terre intérieure, laver le limon de mes
identités. Et si j’aime le boubou, je sais que je le rejetterai s’il devenait
chape de plomb entravant les papilles de mon être. Je suis pour cette identité
que Césaire présentait comme « identité non pas archaïsante dévoreuse de
soi-même, mais dévorante du monde » Servir à mon oreille l’histoire contée par
la flûte peule, offrir à ma salive les suavités d’un yakitori, tremper mes
lèvres dans la coupe de Baudelaire, inviter dans l’allée du jardin la bise
bleue de Chefchaouen, fuguer sur l’aile étoilée de Brel, boire la voix
cristalline de Bella Bellow, siroter le souffle de Miles, basculer dans
l’ivresse des chœurs de keur Moussa, onduler dans la nitescence des mondes de
Chagall et tourner, tel Rûmî, autour des œuvres-planètes…
Extrait 3
J’aime le boubou qui
s’ouvre comme une fenêtre
Qui s’ouvre pour voir, non
épier dans l’œil de Judas
Qui s’ouvre pour ouïr, non
espionner tel un renégat
Qui s’ouvre pour communier,
non pour parer à l’équité
J’aime le boubou qui
s’ouvre comme une fenêtre
Qui s’ouvre aux étoiles
comme une ode argentine
Qui s’ouvre au nom de la
raison et de l’amour vaillant
Qui s’ouvre au nom du rêve
et de l’inépuisable beauté
Qui s’ouvre au nom de la
vraie dignité et de la pure vérité
J’aime le boubou qui s’ouvre
comme une fenêtre
Qui s’ouvre pour aider le
funambule à défier le vide
Qui s’ouvre pour aider
l’être engagé sur le fil de la vie
Qui s’ouvre pour aider
l’être allant de fenêtre en fenêtre
Qui s’ouvre pour aider l’être nageant vers
son grand être
Mariama Samba Baldé