"il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube" (Aimé Césaire)

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jeudi 7 novembre 2013

Le racisme décomplexé: L’arme des fanatiques de la race


Quand je vois des parents d’Angers encadrer leurs enfants qui tendent des bananes à la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, en proférant des injures racistes, je me dis qu’Albert Memmi avait raison : Le racisme est un « bain culturel ». Quand l’encadrement se fait raciste, au niveau des chefs de famille et des chefs politiques, et que la vie suit normalement son cours…, quand le racisme se fait môme, que ce môme se met à poil dans les rues, gesticule, fait rire, et que la vie suit normalement son cours…, c’est que la honte a déserté le corps et l’esprit de l’homme. La gangrène peut alors proliférer et, comme l’aurait dit Sony Labou Tansi, l’État peut devenir honteux.

Nous y revoilà ! Mais il faut savoir que chez ces gens-là, on ne change pas d’heure et on ne change pas de disque. Le vieux pendule rabâche son ding dong. Sa faux malade continue de taper, taper, taper sur les Noirs. Il faut bien que ceux-là restent à leur place, cette place du subalterne par essence. Il faut taper, taper, taper sur ces Noirs qui osent avoir de l’ambition, osent montrer leur talent, osent faire entendre leur voix. C’est très simple, il faut régénérer le rire qui va les précipiter dans la grotte remplie d’échos : Banane et cris de singe, forêts et pastèque, etc. Dans cette grotte, le Noir sera replongé dans le miroir qu’il croyait brisé, il verra l’image de son humanité déchue et il aura honte.

Du footballeur noir qui brille sur le terrain au politicien Noir qui se distingue en politique, il s’agit de la même race à humilier pour sauvegarder un privilège sacré : Le privilège de l’aisance et de l’assurance qui permet d’aller conquérir la lune. Filer la honte pour faire craquer son assurance, abîmer son aisance, briser son élan, plomber sa volonté, fragiliser son être. Cela ne demande pas de grands moyens, que de filer la honte dans le corps et l’esprit du Noir. Rien qu’en brandissant une peau de banane, le travail de maintien de l’ordre peut être fait. Le racisme décomplexé est une affaire de santé publique. Fini le politiquement correcte, tout Noir doit savoir ce qui l’attend, si d’aventure il embrasse certaines professions.

Le vieux pendule rabâche son ding dong. Sa faux malade continue de taper, taper, taper sur les Noirs. Sans bruit, la vie recompose sa musique.


Mariama Samba Baldé

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