"il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube" (Aimé Césaire)

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samedi 1 novembre 2014

Ordonnance Francophonie : Une luminothérapie pour la France




C’est à l’heure où caracolent en tête des meilleures ventes d’essais en France Le Suicide français et en tête des sondages le Front national, que la capitale sénégalaise se fait belle pour accueillir le quinzième sommet de la Francophonie. C’est à l’heure où l’auteur du Discours de Dakar revient en politique et que la France envoie des signaux de repli identitaire, que le pays de David Diop va placer la langue française sur un piédestal pour vanter la diversité culturelle, la défense des droits de l’homme et la nécessité de construire la fraternité.

Les Africains connaissent la Francophonie. Les Africains savent d’où vient qu’ils parlent le français. Les Africains donnent à la Francophonie son lustre. Trop souvent, des Français oublient que c’est parce qu’il y a eu colonisation que des millions d’Africains partagent leur langue et qu’il y a une diaspora noire sur leur sol. « Dans les décombres du colonialisme, nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue française », déclarait Senghor, l’un des pères fondateurs de la Francophonie. Celle-ci est le fruit d’une intelligence qui s’élève pour, dans une composition d’identités plurielles, dessiner une voûte au-dessus d’un crime du passé. Arc d’un humanisme qui fait rayonner le français, la francophonie est chemin de dialogues de civilisations, porte de paix. Avec une extrême droite qui a gagné les élections européennes et avec des discours laissant entrevoir des idées de supériorité raciale et de purification ethnique, la réalité de la France d’aujourd’hui se situe à des années-lumière de la Francophonie.

L’Afrique, berceau de l’humanité, est le souffle de la Francophonie. La France, toutes voiles dehors, profite de ce souffle pour affronter les mers du monde. N’est-il pas temps que telle France, qui se sert de cette organisation pour sa politique extérieure, installe enfin la Francophonie au cœur de son peuple ? N’est-il pas temps d’offrir à ce peuple une cure de luminothérapie avec la Francophonie ? Celle-ci apporterait du sang neuf à ses humanités et soignerait la France d’un orgueil qui fige son regard dans un passé révolu et plonge son cœur dans la nostalgie. Avec la vibration de voix francophones comme celles de Césaire, Senghor, Fanon, Glissant…, dans les murs de ses écoles, la France pourrait retrouver un second souffle et respirer de façon plus apaisée avec une population dont l’identité n’a guère fini de se complexifier. L’incapacité de ce pays à composer avec sa réalité postcoloniale, telle est Le Suicide français. Le prochain secrétaire de l’O.I.F. aura-t-il à cœur de sauver la France ? Prévoira-t-il un don de lumières francophones pour éclairer L’Automne du patriarche, lui réapprendre à voir et marcher avec la réalité ?


Mariama Samba Baldé

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